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Fondatrice d’Isis et June,

La maison de la mère et de la femme.

 

Bonjour Elise, avant de rentrer dans le vif du sujet, celui de ton aventure entrepreneuriale et de ta transition professionnelle, pourrais-tu partager : 

Isis et June en quelques mots? C’est la maison de la mère et de la femme que j’ai fondée en 2022 à Saint-Nazaire (44). C’est un lieu unique, où l’on prend soin des parents, des enfants et des familles. On est aujourd’hui une équipe d’une vingtaine de femmes, de vraies pro de la santé et des médecines douces, et on accompagne tout au long de la parentalité.

Ta bande-son d’entrepreneuse ? “Don’t stop me now” de Queen !

Ton super-pouvoir ? Voler

Une de tes supers-héroïnes ? Anna Roy

Un de tes lieux préférés ? Isis et June évidemment !

Sa bande-son ? “Halo” de Beyoncé, une autre Queen !

Comment es-tu devenue queen-entrepreneuse dans le secteur de la parentalité et fondatrice d’Isis et June ? 

Mon projet pro est lié à ma vie perso.

L’événement déclencheur, c’est la naissance en 2016 de ma première fille, Rose, par césarienne d’urgence. Ça m’a traumatisé !

J’ai senti qu’il se passait quelque chose pour moi qui n’allait pas, mais j’ai décidé de ne pas l’écouter. J’ai tout mis de côté pour être présente pour ma fille. Ensuite, quelques mois plus tard, j’ai tout pris dans la tronche. J’ai cru à certains moments que j’étais à moitié folle. Je me demandais si c’était normal de ressentir ce que je ressentais. J’aurais aimé qu’une psy passe à la maternité, m’écoute un peu, me prévienne de ce que j’allais potentiellement vivre. Mais non, en post-partum, tu vois ton médecin en mode express, on regarde si physiologiquement tout va bien et tu repars avec tes pleurs. Ce n’était pas encore clair mais au fond, Isis et June, c’est le lieu que j’aurais aimé connaître et dans lequel j’aurais aimé aller à ce moment-là.

Ensuite, lors de ma deuxième grossesse, j’ai vécu avec la peur de confondre mes deux grossesses et de revivre une césarienne. Je me suis faite accompagner en kinésio sur quelques séances. Ça m’a fait beaucoup de bien et Isaure est née par voie basse à J+3 ! Ce deuxième accouchement, mieux accompagné, a été une guérison pour moi. Et c’est cette kinésio qui, en parlant de ma césarienne, m’a dit qu’elle n’était probablement pas arrivée pour rien et que j’allais en faire quelque chose de positif. Au fond, Isis et June était déjà en gestation mais je ne le savais pas encore.

Puis, je suis tombée enceinte d’Arthus. Depuis la naissance de Rose j’avais ce sentiment d’avoir fait le tour de mon boulot mais au moment de ma troisième grossesse, j’ai senti pour la première fois que j’arrivais au bout de ce que je pouvais tenir dans ce job, qu’il ne fallait pas que j’aille trop loin. Je me suis autorisée à prendre le temps d’un long congé parental pour réfléchir et construire la suite de ma vie pro. Et, c’est à ce moment-là qu’une amie m’a proposé d’être m’accompagné et que j’ai entamé un bilan de compétences.

Comment s’est passé ton bilan? Avais-tu déjà le goût et l’intuition de l’entrepreneuriat ? Du secteur de la parentalité et de l’accompagnement ? 

Non, pas du tout justement!

Je me souviens même, dans la première phase du bilan, de connaissance de soi, qu’il y avait différentes cases dont l’entreprenariat et que j’avais dit du tac au tac à ma coach : « Ah ça c’est sûr ce n’est pas pour moi ! ».

Je voyais ça comme un métier hyper solo et incertain. Et moi j’adore travailler en équipe. Je ne peux pas être seule dans mon boulot. En plus, j’étais totalement limitée par l’idée qu’on puisse être deux entrepreneurs au sein du couple (mon mari est architecte indépendant). En termes d’insécurité, ça faisait beaucoup !

Au cours de mon bilan, j’avais identifié que le cœur de mon futur métier serait lié au soin. C’était clair pour moi mais restait le quoi et le comment.

Ma coach m’a demandé un jour quel serait le métier de mes rêves, et m’a encouragé à explorer. L’idée qui m’est venue impliquait une reprise d’études durant cinq ans, des horaires décalés, des trajets…tout ça avec trois enfants en bas-âge. Je ne voyais vraiment pas comment ça pouvait représenter une piste sérieuse. Mais elle m’a encouragé à faire l’enquête métier et à me renseigner. J’ai donc pris le temps d’interroger des professionnels sur le cursus, le job, les conditions de travail…  Au cours de cette investigation, j’ai eu l’occasion d’échanger sur le manque d’accompagnement auquel sont confrontées les futures et nouvelles mamans. C’est à ce moment-là que j’ai eu un déclic et que mon projet est né.

Je me souviens, j’ai annoncé à mon mari ce soir-là que j’allais créer un lieu de référence pour accompagner les femmes, les enfants et les familles. Un lieu où, pendant et après la grossesse, tout ne rime pas avec restriction, monitoring et isolement mais avec soin et lien.

Finalement, la graine avait été plantée lors de ma première grossesse puis les deux qui ont suivi l’ont finalement faite germer.

Il y a eu un avant et un après bilan pour toi ? 

Clairement. J’étais tellement contente. J’avais enfin Le Déclic !

Je pouvais prendre une décision ferme quant à l’arrêt de mon boulot de gestionnaire locatif puis construire et développer mon projet.

Si j’étais restée en poste, je n’aurais peut-être pas fait une dépression mais pas loin, j’étais déjà proche du mode survie.

En fait, quand j’y repense, je sens que ça n’aurait pas été possible pour moi de continuer à faire ce travail-là sans « matière humaine », sans sens.

Et tout ça, en plus, avec l’impression souvent, de passer à côté de mes enfants malgré des horaires classiques.

Ma troisième grossesse puis le bilan m’ont vraiment aidé à gérer et à ne pas arriver au seuil de saturation que je sentais poindre. Et cela m’a permis ensuite de passer à l’action.

Combien de temps s’est écoulé entre l’idée d’Isis et June et l’ouverture du centre ?

Il s’est passé deux ans et ça été avec des vrais bas mais aussi quelques hauts.

Qu’est-ce qui t’a fait tenir ? Qu’est-ce qui t’a manqué ?

Ce qui m’a fait tenir ? Mon mari, mes enfants et les copines (merci whatsapp !)

Mon mari m’a vraiment aidé à ne pas céder à la panique. Je me souviens, je regardais souvent les offres d’emplois. J’en pouvais plus à certains moments. Je voulais juste bosser, voir du monde. Il me disait toujours « Elise si tu prends le poste, dans deux ans on sera au même point et quelqu’un d’autre aura monté ton projet à ta place. »

C’était là mon point sensible, celui qui m’a fait tenir jusqu’au bout. Dès que je me reconnectais au sens de mon projet : d’où il était né, pour qui je le faisais, comment je voulais contribuer au monde de la maternité et de la parentalité…là je retrouvais de la motivation et de l’énergie. Le podcast de Clémentine Galley, Bliss Stories, sur la maternité sans filtre, m’a aussi beaucoup accompagné et m’accompagne d’ailleurs toujours, tous les lundis.

Et, dans ce qui m’a manqué… pas mal de choses !

Déjà j’ai trouvé ça très long, beaucoup plus que ce que j’avais imaginé. Il y a eu pas mal de rebondissements, d’ajustements à faire au niveau du projet. J’ai failli lâcher plein de fois comme je viens de le dire mais le plus difficile pour moi ça été de gérer la solitude, la culpabilité et la sensation d’inutilité qui m’ont accompagnées durant cette période.

Je me souviens il y a des jours j’attendais la sortie de l’école avec impatience juste pour discuter 10 min avec les autres parents tellement je me sentais seule. Je culpabilisais de ce que je faisais ou que je ne faisais pas dans mes journées. Ça me pesait de ne pas ramener d’argent à la maison. J’avais l’impression d’être inutile, sauf auprès de mes enfants mais ça c’est la maman qui parle pas la femme. Du coup, je me privais de toutes les choses qui auraient pu me faire du bien. Je m’isolais davantage paradoxalement parce-que j’ai fini par avoir peur de ce qu’on pensait de moi. Je me suis cachée, je n’étais pas à l’aise avec ma situation. Je viens d’une famille où personne ne s’arrête de travailler. Au fond, j’avais l’impression de faire un caprice.

Aujourd’hui, je réalise que j’aurais dû prendre plus de temps pour moi et pour me faire accompagner – probablement par un(e) coach-. J’aurais eu besoin de ne pas être seule, non pas tant sur le montage de la boîte que sur la traversée personnelle que ça a impliqué : la chute de confiance en moi, l’isolement, le manque d’action, le besoin d’être soutenue et challengée en même temps. Du coaching en sommes !

Qu’est ce que tu aimes le plus aujourd’hui dans ton quotidien chez Isis et June ?

Le relationnel même si ça me prend du temps. J’adore arriver ici le matin, discuter avec les praticiennes, parler de leurs patients et qu’on travaille ensemble sur les projets. L’équipe m’a tellement manquée. Et bien sûr, j’adore croiser des petits bidons ronds, des enfants.

Quand une femme m’appelle et me dit qu’elle a besoin d’un espace comme Isis et June, ça me touche beaucoup. Dans ces moments-là je sais que c’est exactement pour ça que j’ai monté ce lieu. Tout fait sens enfin !

Une chose qui t’a rendue fière dernièrement ?

 Le partenariat qu’on a mis en place avec Marraine et Vous à Saint-Nazaire (44). C’est une asso qui propose le marrainage par une famille d’une maman solo. Et nous, du coup, on propose d’accueillir ses femmes à des tarifs préférentiels.

C’est dans notre ADN de rompre l’isolement des femmes dans toutes ses formes.

Pourquoi Isis ? Pourquoi June ? 

Isis pour la déesse de la fécondité et June pour Junon, la déesse protectrice des femmes en lien avec la maternité.

Isis et June en trois mots ?

Accompagnement, Bienveillance et Ouverture à tous les modes de parentalité.

Isis et June dans 5 ans ? 

Face à la mer !! Plus de partenariats avec les associations comme SOS Prema par exemple.

Et toujours plus d’enfants, de parents et de lien.

 

Merci Elise.

* Par respect pour le cadre déontologique de mes accompagnements – notamment la confidentialité des échanges – les personnes que je choisis d’interviewer pour ce blog, quand elles ont fait la démarche d’un coaching, d’un bilan de compétences ou d’une thérapie, l’ont fait auprès d’autres professionnels.